Au dernier jour de la conférence TNC, qui rassemble chaque année les réseaux nationaux de recherche d’Europe et des autres continents, le maire de Tirana en Albanie, ville qui nous accueillait cette année, a conclu cette édition 2023 en nous racontant la fable du lapin et du lion. Celle-ci résume à elle seule la position des réseaux de recherche et d’éducation dans le monde et sa conclusion est la suivante : pourquoi vouloir rester un petit lapin qui essaie de jouer au lion toute sa vie quand on a les capacités de vraiment devenir un lion ? Autrement dit, ne manquons jamais d’ambition, car nous possédons tous les atouts pour jouer dans la cour des grands. Les réseaux de recherche ont une force, celle d’être interconnectés entre eux permettant ainsi à des millions de chercheurs et d’étudiants de collaborer, même quand ils sont au bout du monde. Ainsi, un chercheur basé à l’Université de Melbourne peut collaborer avec un autre chercheur situé au Canada tout en utilisant des données stockées en Finlande et obtenir des résultats qu’ils pourront partager avec d’autres chercheurs ailleurs dans le monde.
Les données prennent le dessus
Les données sont devenues ces dernières années, des richesses qui requièrent toute notre attention. Le réseau reste une grande force, mais il est aussi devenu une commodité. C’est ce qu’il nous permet de construire au-dessus de lui (above-the-net) qui compte désormais davantage que sa technologie elle-même. Les données que l’on s’échange rapidement et en toute confiance via les réseaux de recherche, il faut que ceux qui en ont besoin puissent les trouver, y accéder, les utiliser et ce quel que soit le mode opératoire dans lequel on évolue (FAIR data). Le rôle des NREN dans ce domaine acquière une importance capitale et il n’est donc pas étonnant de voir les NREN membres de GÉANT s’inscrire pleinement dans les principes de l’Open Science et collaborer dans des projets tels que le European Open Science Cloud (EOSC).
… et il faut garantir leur sécurité
Ces données ne sont bien souvent pas n’importe lesquelles. Certaines sont sensibles, d’autres donneront lieu à des découvertes révolutionnaires. Elles doivent donc être mises sous protection. Là aussi, les réseaux de recherche investissent beaucoup de temps et d’énergie et garantissent à leurs communautés le respect strict des standards en matière de cybersécurité. Cette dernière fait l’objet d’un des objectifs dans le cadre du projet GÉANT 5.1. La conférence était donc l’occasion d’organiser un ‘Security Day’ rassemblant à la fois les experts techniques, mais aussi les experts en communication des réseaux de recherche. En effet, la conscientisation (awareness) des utilisateurs est un facteur clé dans la lutte contre la cybersécurité.
La sécurité occupera d’ailleurs une place prépondérante lors de la prochaine TNC qui se tiendra en juin 2024 à Rennes, ville où siège notamment le pôle français d’excellence cyber et qui accueille de nombreuses filières de formation en cybersécurité.
Place à la jeunesse
Depuis quelques années, la conférence permet à de jeunes étudiants de présenter un projet innovant lors de la conférence et de se confronter ainsi à de nombreux experts, notamment IT, issus des réseaux de recherche mondiaux. Cette année, ces interventions résonnaient encore davantage avec le thème de la conférence, celui des générations digitales (digital generations). Car oui, les jeunes étudiants et chercheurs d’aujourd’hui sont ce qu’on appelle des digital natives. Ils sont nés dans un monde où internet occupait déjà une grande place, contribuant ainsi à rendre cet outil aussi commun que l’eau ou l’électricité. Ils sont aussi ceux qui créeront l’internet de demain et en transformeront les usages, à l’image de Félix Gaudin, étudiant en dernière année à l’UCLouvain, et qui a été sélectionné pour donner un lightning talk (une présentation éclair de 5 minutes) lors d’une des sessions plénières de la conférence. Lire plus
Cette jeunesse, c’est aussi celle des réseaux de recherche dits émergents. Celle des pays qui tentent de construire, comme nous l’avons fait il y a aujourd’hui 30 ans, un réseau de recherche national ouvrant ainsi l’accès à la collaboration internationale pour leurs universitaires et leurs chercheurs. Cette année, nos collègues de Bosnie, du Pérou ou encore du Malawi ont pu se joindre à nous, à la conférence, avant de définitivement rejoindre le grand réseau mondial de la recherche et de l’éducation.